dimanche 18 octobre 2009

Louis-Ferdinand Céline et Marc-Édouard Nabe




De la pointe de son stylo giclent les imprécations, les jugements et les condamnations, mais aussi la finesse, la passion et la tendresse, le tout dans un amalgame de feux d’artifice aux couleurs éclatantes et étourdissantes en un long fondu de sons et de lumière. Marc-Édouard Nabe est un écrivain hors du commun, sa prose est entière, d’une franchise incontestable et, par le fait même, suspecte pour ceux qui se refusent à le suivre. Il dit, affirme et raconte. Il transforme une mixture nabienne en une potion magique littéraire qui en impose et donne encore de l’espoir à l’écriture.

Avec Nabe, Louis-Ferdinand Céline n’est ni mort, ni enterré, dépassé ou tout bonnement enfermé dans la dorure des cercueils de la Pléiade; son écriture virevolte, renait d’elle-même, grandit et atteint des summums à chaque relecture. Céline est vivant, sème et fait toujours des enfants; des enfants qui, loin d’être orphelins, sont fiers de porter le fardeau de leur géniteur.

Nabe est l’un d’entre eux :

«Céline, c’est mon père… Ou mon grand-père plutôt. D’ailleurs, mon père et mon grand-père lisaient Céline. Je suis une filiation de célinien. Ça toujours été chez-nous le maître à penser… Il a appris à vivre à trois générations. Le jour où, vers quatorze ans, j’ai découvert «Rigodon»… Je suis resté pétrifié, je suis rentré dans l’univers célinien avec une euphorie, une passion invraisemblable (…) La voie écrite, le souffle, la sonorité de la phrase du Cuirassier a tout emporté sur son passage, je suis parti sur ces rails là pour toujours, touché à la vie à la mort». (au régal des vermines P. 162)

Phénomène rarissime, Marc-Édouard est un écrivain en osmose avec son écriture, il la possède et s’en nourrit dans une harmonie complète avec sa pensée entièrement libérée des contraintes imposées par la morale de son époque. En parallèle, il entretient une culture démesurée, à le lire on se sent petit, ignare, comme si l’on constatait avoir encore une multitude de mondes à découvrir, dont le sien. Heureusement, il nous offre gratuitement son savoir et cela, avec une générosité stupéfiante.

Céline demeure toujours et encore le centre de notre savoir, plus que le plus grand, Céline est tout et Céline est le seul :

… «le Père-Sperme, le seul écrivain français du XXe... C’est qu’il a tout. Tout ce qu’il ya de mieux chez tout les autres, il l’a. Céline est imparable :on dirait qu’il a inventé l’univers. De là qu’il touche absolument tout le monde : j’ai rencontré dans ma vie beaucoup de célinien, aussi bien des fins lettrés que des bœufs émus : ils étaient tous pareils. On est tous pareils devant Céline, tous pareils, comme devant la mort… Comme des fous il les rend tous! (au régal des vermines P. 163)

Rare pour un être que l’on accuse de petitesse et d’égocentrisme à outrance, de s’effacer à se point devant un autre écrivain. Marc-Édouard Nabe se dévoile lorsqu’il parle de Céline, se met littéralement à nu, mais sans pourtant renier sa propre entité. Il se sert du génie de Céline pour affirmer que par l’écriture, il importe à chacun de poursuivre l’œuvre de Céline, qui est celle de la régénérescence de la langue et de la littérature.

Avec un minimum d’honnêteté, nous pouvons admettre que la littérature française ne se s’est jamais remise de l’aventure célinienne et qu’elle ne parvient toujours pas à s’arracher au conformisme d’une société envasée dans des concepts de droit et de moralité, aussi hypocrites que futiles. À travers le miroir de sa littérature, la société occidentale ressemble au spectacle que nous donne aujourd’hui une Église romaine, entièrement débranché d’une réalité qu’elle espère toujours contrôler jusqu’à la fin des temps. Pourtant, les deux sont déjà aux portes du musée des horreurs.

En ce sens, Nabe est un écrivain doué d’une lucidité mystique, ce qui explique son état de paria, d’ostracisé et de rejeté par les maîtres et les penseurs de ladite littérature qui se voudrait immortelle. Si ce n’est que sur cet aspect, il ressemble étrangement à Céline, un même esprit de supériorité, la conviction profonde d’être dotée d’une mission spirituelle avec la nécessité d’aller jusqu’au bout, et ce, malgré les conséquences. Céline est un styliste qui fait danser les mots sur sa musique et Nabe, un peintre qui brosse les mots sur des portées de jazz.

«Je pèse mes mots :Céline est à lui seul aussi important que le jazz. Il suffit de l’écouter. Hélas! les types ne savent pas s’inspirer! Ils ne savent pas retenir une vraie leçon. Céline pourtant est bien le Maître dont on peut tout apprendre, de tous les côtés possibles. Pas plus généreux que lui il est là pour tout nous apprendre… Ce qui compte c’est de saisir ses objectifs, tous les pièges dans lesquels il ne tombe jamais, et puis les structures de ses livres, ses raisons, sa démarche vers l’écriture… sa perception cosmique, tout ce qui le fait écrire. Qu’on lui laisse son style, il est à lui, comment oser rivaliser? Mais qu’on l’écoute religieusement, qu’on saisisse bien d’où il est parti, comment il en est arrivé là :ça c’est primordiale pour un écrivain, ce qui lui permet de tenir son stylo. Parce que d’un autre côté, il ne faut pas se leurrer : il est impossible, à notre époque d’écrire quelque chose de valable si ce n’est pas célinien. Célinien par le fond, bien sûr… » (au régal des vermines p. 163-164)

«au régal des vermines», publié en 1985 est un livre de jeunesse, son premier et quel livre!… Il renferme des pages magnifiques, hymnes à Monk, au Jazz et à sa belle Hélène, mais les plus fortes et aussi les plus ignorées sont celles dédiées à Louis-Ferdinand Céline. Nabe, qui n’avait pas trente ans, s’est aussitôt mis à dos tout le «grenouillemment apostrophique» de ces années. Tous ont alors perçu l’immense talent qui brulait dans ces pages. Jaloux, envieux et surtout terrifiés par ce qui pourrait encore sortir de ce stylo, rares ceux qui ne l’ont pas condamné, censuré et mis à l’index… situation qui persiste encore 25 ans plus tard.

Louis-Ferdinand Céline habite dans plusieurs autres livres de Marc-Édouard Nabe, les quatre volumes de son «Journal», foisonnent de références, de découvertes, petites et grandes, émouvantes et étonnantes autour de Céline; des rencontres surprenantes et des discussions auxquelles on aurait voulu assister; des polémiques, des cris du cœur; l’émotion devant la découverte d’une photographie inédite, un article, un dessin, un lieu, un détour, un appartement rempli de livres.

Une suite interminable de plaisir renouvelés et que dire de la description des premières visites à Meudon, chez Lucette, dans l’antre de l’ermite, des pages sublimes et bouleversantes d’une délicatesse d’un jouvenceau à son premier rendez-vous, des frissons et des sentiments.

Ces rencontres d’où émerge ce roman superbe : «Lucette» un hymne à cette grande dame, discrète, gardienne farouche et lucide de la mémoire de l’écrivain, mais surtout de l’Homme dans son intimité et sa légende. L’histoire de Nabe et Lucette est une histoire d’amour, la découverte mutuelle d’une mère et de son fils à la quête de l’homme et du père… complicité et tendresse.

Céline n’est jamais loin lorsque Nabe prend le stylo, on le retrouve penché sur son épaule qui le regarde en pointant du doigt pour le prévenir des conneries qu’il s’apprête à accomplir. Ah! Mais! C’est qu’il les connait les hommes, Céline...

Alors! Un souhait, un espoir bête, de voir se rassembler et lier magiquement comme seul Nabe sait le faire, tous ces petits évènements à propos de Céline que ponctuent les journées étalées dans le journal. Après «L’âme de Billie Holiday» de Marc-Édouard Nabe, pourquoi pas «La conscience de Louis-Ferdinand Céline»? Je savoure déjà les douces humeurs de sainteté et d’hérésie, à l'emporte-pièce… On a bien le droit de rêver.

Pierre Lalanne

vendredi 9 octobre 2009

Les exils de Louis-Ferdinand Céline




Céline a connu plusieurs exils, littéraire, politique, territoriale, exil intérieur et exil dans la mort. Dès la parution de «Voyage au bout de la nuit», Céline a certainement décelé un avertissement, devant le nombre incroyable de critiques et de commentaires sur un bouquin si singulier. Pourtant, le danger semble flagrant, la surprise de plusieurs, la jalousie des uns, la hargne des autres et le refus de l’ensemble d’adhérer à cette vision de l’homme si crument illustré. Un certain talent est reconnu, mais les plus optimistes espèrent que l’auteur demeure l’écrivain d’un seul roman, on finira bien par l’oublier. Une récidive d’une telle intensité est peu probable, c’est trop… On retient son souffle. Hélas, peine perdue.


Quatre ans plus tard tombe une autre bombe : «Mort à crédit». Une nouvelle plaie d’Égypte s’abat sur la bonne société, mais les critiques l’attendent, le cri de ralliement est unanime, les littéraires de toutes tendances s’organisent. Que non! L’Homme n’est pas ainsi, mauvais, mesquin, assassin et vicieux par nature, il vaut mille fois mieux; il s’élève par la pensée, lui suffit d’une révolution, d’un Dieu ou d’un autre et le voilà lavé de ses péchés. Céline ne respecte rien et se complait dans l’ordure et la vulgarité.


Très peu y trouvent matière à complaisance et encore moins au chef-d'œuvre, la grossièreté y est dénoncée et le style, ou son absence, y sont ridiculisés. La fronde est disproportionnée, une haine hurlante, hyène et rapace se succède; tellement que Robert Denoël, son éditeur, sent le besoin de défendre le livre et son auteur en publiant :«Apologie de Mort à crédit», opuscule qui dénonce les enragés :


« Un livre paraît, il est énorme. Il rompt avec tous les usages… Le scandale est trop éclatant, l’audace est trop grande… Aussitôt, cent critiques entraînés et leur front héroïque, porte la marque de leur mission. Il ne s’agit plus de reproches courtois, de réserves, de blâmes discrets. Il s’agit d’une exécution. Il faut chasser du jardin des lettres une bête malfaisante et qui pue. C’est la ruée. Toutes les armes sont bonnes : le gravat, la boue, l’ordure du chemin. Tout y passe. Et quand la victime semble au point d’expirer, à bout de force eux-mêmes, les vengeurs de la coutume lui jettent le plus gros pavé, celui qui tuera sûrement :«le livre est ennuyeux», disent-ils.» (p.3)


Céline est profondément blessé par ce qui à tout d’un complot bien orchestré. Avec le recul des années, on voit bien que, déjà, c’est le spectre de «Voyage…», qui plane au-dessus de sa tête. Sa réaction est de se retirer et de voir, il prépare sa riposte, les pamphlets répondront aux insultes. De retour d’URSS, il écrit «Mea Culpa», quelques pages magistrales et dévastatrices qui le brouillent définitivement des communistes, le froment des haines d’après-guerre.


Puis, quelques mois plus tard, «Bagatelles pour un massacre», un pavé écrit en situation urgence, il va très loin, défoulement et avertissements. Il montre à la société française ce qu’il pense de son hypocrisie et ce dont il est capable… Mordre! Cracher! Griffer! Et pire encore…Rire! La magnificence de sa verve résonne encore aux oreilles chastes des biens pensants d’aujourd’hui. Nous pouvons bien conclure ce que l’on veut à propos de ces écrits, mais jamais un livre n’a suscité une telle fièvre. Même après plus de 60 ans, personne ne peut nier sa puissance dévastatrice.


La majorité des biographes et analystes insistent trop peu sur la signification réelle de la blessure causée par la réception de «Mort à crédit», conséquence directe de l’arrêt que s’impose Céline dans la poursuite de son œuvre romanesque. Ces spécialistes insistent beaucoup trop sur des causes métaphysiques, l’enfance, les parents, Dreyfus et même le stade fœtal, où bouillonnent les gènes judéo-chrétiens de ses origines, plutôt que de s’attarder à cette cassure irréparable, survenue entre Céline et l’élite politique et littéraire de son époque. Pourtant, tout cela coïncide exactement avec sa période pamphlétaire.


Bien sûr, la situation politique l’interpelle; il sent bien le vent, la guerre, les massacres et ce si beau sport millénaire de s’entretuer pour le plaisir des puissants. Il voulait prévenir, avertir et empêcher; toutes ces raisons poussent sa plume à la révolte et quelle charge, mais il y a plus. Il se servira avant tout du prétexte des guerres à venir pour attaquer ceux qui tentent de l’exécuter littérairement. En fait, il ne s’agit pas d’un prétexte, car, pour lui, tout est lié, un tout, une même clique guidée par une pensée marécageuse et pervertie. C’est à elle qu’il s’adresse vertement et use de toutes les subtilités de la langue.


Pendant un temps, le succès du «Voyage au bout de la nuit» lui a peut-être donné l’illusion, qu’il pouvait prendre sa place dans le milieu littéraire, mais avec le vol du Goncourt, il s’est bien rendu compte que ce ne serait pas aussi simple; «Mort à crédit» lui en fournit la confirmation. À partir de ce moment, Céline entre en clandestinité en tant qu’exilé des lettres.


Quoi qu’on en dise, cet exil se poursuit pendant l’Occupation, il s’inscrit en contradicteur attitré, vise tout le monde, Vichy, la collaboration, la résistance, communiste ou gaulliste; les Allemands, les Anglo-américains, d’un cartel l’autre, c’est pareil. Il devine que c’est fini, la France ne s’en relèvera pas.


En quittant la France, en juin 1944, Céline entreprend un nouvel exil, territorial et politique celui-là et qui s’inscrit dans la continuité du premier, «Guignol’s band» est paru, mais l’Europe a autre chose à faire que de s’occuper de littérature. Les circonstances sont tragiques, les menaces, le débarquement, la débâcle, les accusations, l’épuration et la magnifique traversée du Reich dans un chaos de fin du monde demeurent une épopée spectaculaire.


Le séjour au Danemark est difficile et le marque profondément, autant physiquement que moralement. Céline n’est pas le bienvenu, déjà paria, il passe les premiers mois dans une discrétion complète, à attendre ce qu’il redoute le plus, son arrestation. La demande d’extradition ne tarde pas et c’est l’enfermement et l’interminable attente, les menaces de déportation et la certitude d’un jugement sommaire, avec une exécution annoncée dans la cour de Fresnes… tout cela mine sa santé. Malade, il doit faire des séjours à l’infirmerie de la prison, 18 mois de hantise pour en ressortir avec un corps plus vieux de 20 ans, malade et usé.


Devant la pauvreté du dossier accusation, le Danemark refuse de l’expulser, convaincu que Céline ne recevrait pas un traitement équitable. Il est libéré, mais demeure en résidence surveillée, sans statuts officiels, Céline est hébergé par son avocat, attend son procès en France et prépare sa défense; même s’il conserve peu d’espoir d’y revenir un jour, il se battra. Les milliers de lettres, écrites à cette époque, expriment sa rage, son désespoir et son impuissance, face au rôle qu’on veut lui faire jouer, celui de bourreau. La France, en tant qu’État, a beaucoup trop de choses à se reprocher pour ne pas chercher à se disculper en se débarrassant de quelques encombrants pour prouver sa bonne foi. Sa patrie, habituellement reconnue comme terre d’accueil, le rejette.


Louis-Ferdinand Céline a écrit : «loin du français, je meurs». C’est ce qui est pour lui le plus insupportable, ne pas entendre la musique de sa langue, les accents, les patois, l’argot, la marque identitaire de tous les peuples. Inutile d’élaborer sur l’importance de la langue en tant qu’élément unificateur, ce qui rassemble et distingue à la fois. Céline est et reste profondément français, il n’y a pas plus amoureux de la langue que lui et avoue qu’il ne pourrait vivre ailleurs qu’en France. Le priver de sa terre, c’est le priver d’air. Il étouffe.


Troisième exil, le retour, car, si Céline réussit à revenir en France, ce n’est par grandeur d’âme de la patrie reconnaissante, mais par une belle entourloupette de son avocat. Tel que le prévoit la loi pour certaines catégories d’anciens combattants de 14-18, il obtient l’amnistie de la condamnation, mais pour un certain Louis-Ferdinand Destouches... Quelques-uns soupçonnent que les juges n’étaient pas aussi naïfs qu’on pourrait le croire et savaient très bien de qui il s’agissait… Céline ne comptait pas que des ennemis.


Retour ne signifie pas pardon, son nom dérange toujours et, puisqu’on ne peut s’en débarrasser, on va l’ignorer, le confiner et le dénigrer autant qu’il se peut. Pensons à l’affaire Jünger où, dans la traduction française de son «Journal de guerre», le nom de Céline apparaît fortuitement où devait se trouver celui de Merlin, une erreur? Jünger écrit à Céline et lui affirme qu’il n’y est pour rien et est prêt à nier publiquement qu’il ne s’agit pas de lui. Alors, comment? Mesquinerie et basse vengeance.


La publication de «Féérie» se passe en silence, des libraires refusent le livre, boycottages et subtilités de la censure; d’autres déclarent unilatéralement que Céline est un écrivain fini… Comme mise à mort, cela ressemble étrangement à la parution de « Mort à crédit ». Pourtant, c’est bien dans ce livre que le style célinien atteint un summum de perfection, de la poésie à l’état pur où la prose rythmique atteint des sommets inégalés. Des années de travail jetées ainsi en pâture à la multitude. Il suffit de s’attarder aux multiples versions que nous offre la publication de ces textes à la Pléiade pour constater la somme de travail effectuée et le résultat… Mettre sa peau sur la table, disait-il, sinon il n’y a rien…


Il faut attendre «D’un château l’autre» et «Nord» pour qu’ils daignent s’intéresser de nouveau à lui. Faut avouer que la critique n’a pas vraiment le choix, Céline sait où frapper pour agiter la fourmilière. Sigmaringen, la collaboration, les derniers soubresauts du Reich sont des sujets qui frappent l’imaginaire, c’est «marketing» et Céline a le sens du spectacle.


Il a vécu la fin de l’Allemagne en direct et qui mieux que lui peut le raconter, à sa façon, dans ses mots, avec ses images, ses liens, ses envolées et mille manières de nous envoûter? Par obligation, il revient sur l’avant-scène, télévision, entrevue, articles, un balbutiement, un aveu de reconnaissance, mais du bout des lèvres.


Tout cela est insuffisant, Céline restera confiné dans son pavillon de Meudon, sortant peu, recevant peu, il mourra dans le silence et l’anonymat, quelques amis, une douzaine pour le plus grand écrivain du siècle, une misère.


Aujourd’hui, l’exil se poursuit, le silence, l’oubli, la condamnation, le mépris, aucune reconnaissance, plaque, place, rue, statue… Rien, nulle part, pas la moindre marque d’un passage, d’un arrêt, le vide. Les inquisiteurs refusèrent même de classer son pavillon de Meudon, sa dernière demeure… effacer toutes les traces, le rayer.


Malheureusement pour tous ces imbéciles, il reste ses livres qui, en eux-mêmes, sont des monuments impérissables.


Pierre Lalanne